L’aéroport civil Casa-Anfa a été construit dans les années 1910. Outre les hangars militaires et les ateliers de maintenance, les installations de l’aéroport se sont enrichies de trois hangars civils dont un aux dimensions impressionnantes, qui sera transformé plus tard en véritable hall d’aéroport.
L’aéroport constitue un point-relai majeur pour la ligne de l’Aéropostale reliant Paris et l’Europe à la côte ouest de l’Afrique et à l’Amérique Latine. La compagnie Latécoère, qui couvre désormais l’axe Toulouse-Saint Louis (Sénégal), transporte des centaines de milliers de courriers et permet même à des privilégiés de voyager à bord. C’est à ce moment que le camp devient peu à peu une véritable aérogare et prend le nom d’aérodrome d’Anfa.
Entre 1919 et 1933, l’aérodrome d’Anfa est une étape importante dans l’acheminement du courrier de l’Europe vers l’Afrique et, plus tard, jusqu’en Amérique Latine. Quelques aviateurs pionniers s’y sont arrêtés, notamment Jean Mermoz, Antoine de Saint-Exupéry, Henri Guillaumet ou encore Paul Vachet. Le site de l’aéroport Casa-Anfa se développe dans les années 1930 par la construction, autour du bâtiment abritant le commandement des opérations, d’un bloc technique, d’une aérogare et d’un immense hangar.
Pendant la seconde guerre mondiale, le site devient, par une logique historique, exclusivement un camp militaire. Il est même le théâtre d’affrontements armés entre l’Alliance et l’Axe. Une période tragique qui n’empêche pas le site de renaître de ses cendres. En janvier 1943, la conférence d’Anfa réunit le président américain Franklin Roosevelt, le premier ministre britannique Winston Churchill, et les généraux de la France Libre, Henri Giraud et Charles de Gaulle.
Pour se rendre à Casablanca, en ce temps de guerre, le moyen le plus sûr est l’avion. Roosevelt est ainsi le premier président de l’histoire américaine à se déplacer en avion dans l’exercice de son mandat. Un voyage historique qui s’achève sur le tarmac de l’aérodrome d’Anfa.
À la fin de la seconde guerre mondiale, le Camp Cazes se transforme en un vaste complexe aéroportuaire. Ce n’est plus un simple camp, mais un port aérien, qui devient avec le temps une vraie base militaire, et néanmoins le principal aérodrome civil de Casablanca. Le désormais aéroport, nommé Casa-Anfa, devient le berceau d’Air Atlas, filiale d’Air France. Le site est la plaque tournante du trafic aérien national et dessert des destinations au Maroc et à l’étranger.
En 1953, Air Atlas fusionne avec la compagnie aérienne Air Maroc créée en 1948, donnant naissance plus tard en 1957 à la compagnie nationale Royal Air Maroc. La nouvelle compagnie s’adapte à son temps en modernisant ses services techniques opérant à l’aéroport Casa-Anfa. Dans le même esprit de modernisation, et pour faire face au développement de la flotte, les autorités décident de doter l’aéroport d’un nouveau centre de prévisions météorologiques et de renforcer les équipes de maintenance électronique.
Après l’indépendance en 1956, le camp d’entraînement des réservistes français devient le siège de Royal Air Maroc. La compagnie y installe sa direction technique, son service de maintenance et son école de pilotage.
Dans les années 1970, l’ensemble des activités techniques et d’exploitation de l’aéroport Casa-Anfa est transféré vers celui de Nouaceur. L’aéroport ne sert plus que d’aérodrome. Cependant, le lieu n’est pas complètement déserté. Il continue à abriter certaines activités ainsi que le siège de la RAM et son école de formation, pilier indispensable pour accompagner l’essor de l’aviation civile marocaine.
En raison de la croissance urbaine, l’aéroport est finalement rattrapé par la ville et ferme définitivement en 2007. Ses dernières activités sont transférées aux aéroports de Benslimane et Nouaceur.
Le dernier baroud d’honneur du Camp-Cazes survient le 24 juillet 2006. Le dernier voyageur du mythique aéroport Casa-Anfa est, ainsi, le roi Juan Carlos 1er d’Espagne, venu en visite officielle au Maroc.